Le commentaire de texte constitue l’un des deux exercices proposés aux élèves à l’occasion de l’épreuve écrite du bac de français. J’ai souvent l’habitude de dire qu’il faut être un « technicien » pour réaliser cet exercice, alors que la « dissertation » demande d’être un « artiste » (mais attention, rien n’empêche de s’entraîner pour les deux, et de devenir à la fois technicien et artiste !).

En effet, le savoir-faire qu’il requiert repose sur des tâches très précises, et il demande à l’élève de se servir d’une boîte à outils : les procédés littéraires.

Dans cet article, nous allons voir pas à pas les étapes de la méthodologie qui permettent de réussir le commentaire. De la lecture analytique à la rédaction finale, avec des exemples, des conseils pratiques, et des erreurs à éviter. En avant pour la méthode du commentaire de texte.

1. Objectif du commentaire de texte et modalités de l’épreuve

Qu’est-ce que le commentaire de texte ? Il s’agit d’une analyse d’un texte de littérature, appartenant au genre de la poésie, du récit, du théâtre ou de la littérature d’idées. L’épreuve dure quatre heures, aucun document n’est autorisé, et le coefficient est de 5 en voie générale, 2 en voie technologique.

Quelle est la philosophie de l’exercice ?

Ce qu’il ne faut pas faire : reformuler avec ses mots le contenu du texte (paraphrase), citer des passages sans les expliquer, faire un catalogue de procédés dépourvu d’interprétations, donner son avis sur le texte.

Ce qu’il faut faire : expliquer comment un auteur a procédé pour transmettre un message, analyser les ressources du langage qu’il a déployées pour parvenir à son objectif. L’écriture d’un texte est en effet un acte de communication comme un autre. L’auteur émet un message, et le lecteur est le destinataire ou, au moins, le récepteur de ce message. Il est donc capital de répondre très rapidement à la question : qu’est-ce que l’auteur a voulu dire/faire en écrivant ce texte ? Exemples de réponse : provoquer la pitié du lecteur / dénoncer les abus de pouvoir de l’Ancien Régime etc.

2. Les compétences évaluées

  • Compréhension fine du texte
  • Capacité à repérer les procédés littéraires
  • Capacité à interpréter les procédés littéraires
  • Qualité de l’expression écrite
  • Maîtrise de la langue et du vocabulaire littéraire
  • Maîtrise de la méthode du commentaire de texte

3. La méthode du commentaire de texte en 5 étapes

3.1. Lecture et compréhension du texte

Avant d’analyser le texte, il faut s’assurer que l’on a bien compris son contenu.

Pour ce faire, tu dois :

  • Lire au moins deux fois le texte.
  • Surligne, avec une première couleur, les expressions qui renvoient à des personnes ou des personnages : groupes nominaux, noms propres, périphrases… Ainsi, tu te fais une idée précise des individus, fictifs ou réels, qui sont mis en jeu dans le texte.
  • Surligne, avec une deuxième couleur, les indices spatio-temporels : adverbes de lieu et de temps, noms de localité, expressions renvoyant à des intervalles de temps, à des dates etc. Les choses continuent de se préciser dans ton esprit. Tu dessines une chronologie et une carte virtuelle de la scène.
  • Surligne, avec une dernière couleur, les champs lexicaux : ils te permettent de comprendre le thème du texte. Il y en a toujours au moins un ; souvent, plusieurs.

 

Remarque :

Des mots inconnus ? Il y en aura toujours. Le français compte plus de 50 000 mots (cf. Dictionnaire de l’Académie française) et il n’est donc pas étonnant de ne pas pouvoir mettre une définition sur chaque vocable. Certains bénéficient, sur ton sujet, d’une explication en note de bas de page. Tu peux entourer les mots que tu ne connais pas et pour lesquels il n’y a pas de note, et tenter de récupérer le sens grâce au contexte. Prenons, par exemple, la phrase suivante : « Il a acheté ses chevaux chez un maquignon » > même si tu ne sais pas exactement ce qu’est un maquignon, tu comprends qu’il s’agit d’une personne (au fait, un maquignon est un vendeur de chevaux).

3.2. Procéder à l’analyse littéraire du texte au brouillon

Tu commences à présent le travail d’analyse. Il faut en premier lieu identifier l’intention de l’auteur. Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ce texte ? Quel est le message qu’il veut transmettre ? Que veut-il montrer / provoquer chez le lecteur ? Point important, il faut que le verbe que tu utilises soit un verbe d’analyse littéraire (illustrer, mettre en scène, dénoncer…).

Exemples :

Elle veut critiquer les inégalités entre les sexes dans la société de l’Ancien Régime.

Il veut célébrer la beauté de la femme qu’il aime.

Etc.

Ensuite, relève le plus de procédés stylistiques possible dans le texte.

Astuce :

Note d’emblée sur le brouillon tous les procédés que tu connais, sous forme de liste (champs lexicaux, vocabulaire, figures de style etc.) et cherche-les dans le texte en barrant à chaque fois celui que tu viens de traiter.

Une fois que les procédés ont été relevés, il te faut les interpréter, c’est-à-dire, les mettre en lien avec l’intention de l’auteur. Comment aident-ils l’auteur à faire passer son message ?

3.3. Construire un plan détaillé

Un bon commentaire repose sur un plan en 2 ou 3 parties (jamais 4), équilibré et progressif. Il suit généralement la logique du texte, ou les axes de lecture que tu as identifiés.

C’est l’étape la plus difficile, peut-être, de la méthode du commentaire de texte. Il faut déjà, au brouillon, regrouper les procédés relevés en des sous-parties, avant de faire les axes. Les procédés ont en effet des « points communs », d’ordre thématique ou pragmatique. Par exemple, il est préférable d’associer des procédés tels que la longueur des phrases et le type de ponctuation avec le rythme du texte, car ce dernier dépend étroitement du paramétrage des deux premiers procédés (des phrases courtes et une ponctuation expressive créent un rythme rapide…).

Astuce :

Place trois procédés par sous-partie.

Il te faut ensuite, toujours au brouillon, définir les axes d’analyse.

Je te recommande de suivre le découpage suivant, qui correspond à une sorte de travelling arrière, comme au cinéma (on part de l’étude du sens le plus évident du texte puis on élargit la réflexion avec ses implications plus subtiles) :

Structure type :

  • Introduction (pour sa rédaction, cf. étape suivante)
  • I. Premier axe d’analyse : le sens le plus évident du texte

Identifie la forme littéraire du texte. Est-ce un monologue ? une scène d’aveu ? un dénouement ? un sonnet ? etc. Et demande-toi : De quoi parle-t-il ? Tu obtiens ton premier axe. Exemples de titres de premier axe : « un dénouement tragique » (puisqu’il met en scène la mort du héros). « Le récit d’une enfance », « un sonnet amoureux » etc.

  • II. Deuxième axe d’analyse : l’originalité du texte

Demande-toi : Qu’est-ce qui rend ce texte unique ? Pourquoi t’a-t-on donné ce texte à étudier et pas un autre ? Généralement, il faut relever, pour cet axe, des effets particuliers propres à la structure de l’extrait : oppositions, contrastes, symétries…

Par exemple : « un contraste entre le pouvoir divin et la faiblesse des mortels. »

  • III. Troisième axe d’analyse : l’aspect critique ou philosophique du texte

Demande-toi : le texte comporte-t-il une critique ? une réflexion d’ordre philosophique ? une dimension plus abstraite ? un projet littéraire (parodie, réquisitoire…).

Par exemple : « un réquisitoire contre l’intolérance religieuse. »

Astuce :

Cet axe peut être fusionné avec le deuxième, si tu as peur de manquer de matière. Rappelle-toi : mieux vaut produire un commentaire avec deux axes bien équilibrés (tailles identiques) plutôt qu’un travail avec un troisième axe pauvre en contenu. L’examinateur note avant tout la cohérence de l’ensemble et non pas le respect strict et rigide d’un plan idéal comprenant à tout prix trois grands axes d’analyse.

  • Conclusion (pour sa rédaction, cf. étape suivante)

Une fois que tu as déterminé tes axes, il faut répartir tes sous-parties dans chaque axe. Exemple : si l’axe n°1 parle de récit, il faudra placer la sous-partie sur les temps verbaux dans cet axe (la présence de l’imparfait et du passé simple indique que le texte est en effet un récit, etc.).

3.4. Rédiger le commentaire

Introduction 

L’introduction peut directement être rédigée sur ta copie, si tu as déjà noté au brouillon une ébauche de phrase d’amorce, ta problématique et ton plan. Une bonne introduction comporte 4 étapes :

  1. Accroche (ou amorce) : c’est une contextualisation du texte étudié, en une ou deux phrases. Tu dois faire appel à ta culture littéraire pour donner des éléments de contexte en lien avec l’auteur, le thème du texte ou son genre littéraire.
  2. Présentation du texte : en quelques phrases, donne le titre de l’œuvre dont est extrait le texte, rappelle le nom de l’auteur, la date de rédaction ou de publication (ces informations figurent toujours sur le sujet), le genre littéraire du texte, en étant le plus précis possible (si c’est une pièce de théâtre, par exemple, précise s’il s’agit d’une comédie, d’un drame etc.), et fais un court résumé du passage (le texte étant la plupart du temps inconnu, c’est le paratexte qui t’aide à réaliser ce résumé).
  3. Problématique : elle prend la forme d’une question, qui répond au schéma suivant : tournure introductive (choisir une des tournures suivantes : « dans quelle mesure ce texte… » / « pourquoi peut-on dire que ce texte… », « comment l’auteur s’y prend-t-il pour… »,) + intention de l’auteur, identifiée précédemment au brouillon. Donc si l’intention de l’auteur est « édifier le lecteur », la problématique sera : « dans quelle mesure ce texte édifie-t-il le lecteur ? » OU « comment l’auteur s’y prend-t-il pour édifier le lecteur… ? ». Il est important de faire une problématique qui ne soit pas trop longue. Par ailleurs, celle-ci prend toujours la forme d’une question et d’une seule question !
  4. Annonce du plan : il faut à présent annoncer les titres des axes, sous la forme de phrases. « Dans un premier temps, nous allons étudier + titre de l’axe 1. Puis, dans un deuxième temps, nous nous intéresserons à + titre de l’axe 2. Enfin, dans un dernier temps, nous verrons + titre de l’axe 3 ».

Développement

Il faut restituer le plan élaboré au brouillon, mais il ne faut pas écrire les titres des parties tels quels, avec des numéros (I/ Le récit d’une enfance etc.). Pour chaque axe, la première phrase annonce l’idée directrice de l’axe (donc le titre de cet axe), puis la deuxième, le titre de la première sous-partie. Et ainsi de suite.

Dans chaque axe, la mention d’un procédé s’accompagne systématiquement d’une citation, entre guillemets, et d’un numéro de ligne.

N’oublie pas de faire des phrases de transition entre chaque axe, pour montrer le lien qui unit les parties de ton travail.

Conclusion

La conclusion se divise en deux étapes : la première est un bilan de l’analyse, dans lequel on répond très clairement à la problématique. Il faut reprendre les grandes lignes de l’analyse, les principaux éléments de réponse, sans toutefois mentionner de nouveau des procédés. Garde à l’esprit que tu dois faire preuve d’un esprit de synthèse, ici. La deuxième étape est l’ouverture : tu dois faire le lien entre le thème du texte que tu viens d’étudier et un autre texte ayant un thème similaire, que tu vas très brièvement résumer. Cette ouverture peut prendre la forme d’une question, mais une phrase déclarative fonctionne tout aussi bien.

Voilà ! Tu viens de passer en revue toutes les étapes de la méthode du commentaire de texte !

4. Conseils pratiques pour le jour de l’épreuve

Gestion du temps

  • Lecture & analyse des procédés au brouillon : 1h
  • Rédaction du plan au brouillon : 30 min
  • Rédaction : 2h20
  • Relecture : 10 min

 

Utilise un vocabulaire précis :

  • Figures de style : anaphore, hyperbole, antithèse, etc.
  • Autres procédés : champ lexical, focalisation, modalisateur, etc.
  • Verbes d’analyse : souligner, suggérer, révéler, mettre en lumière…

 

Soigne la présentation :

  • Alinéas avant chaque paragraphe (un axe = trois sous-parties, donc trois paragraphes)
  • Titres de parties apparaissant clairement dans les phrases introductives des axes
  • Citations entre guillemets
  • Aucune abréviation

5. Entraîne-toi régulièrement

Comme tout exercice académique, le commentaire de texte demande de l’entraînement. Plus tu pratiques, plus tu sauras repérer rapidement les procédés et organiser tes idées. Voici quelques pistes, en complément de la maîtrise de la méthode du commentaire de texte :

  • Analyse un texte court chaque semaine (poème, extrait de roman…)
  • Relis les corrigés de bac, mais essaie toujours de les faire d’abord seul
  • Demande à ton professeur des retours précis sur les problématiques et les progressions de plan que tu élabores au brouillon
  • Renforce ton niveau et éclaircis tes doutes avec des cours particuliers (ce sera un plaisir de t’aider !)

 

 

Ressources utiles :

  • Manuels de français 1ère : souvent très bien faits, avec des exemples et des exercices
  • Annales du bac : disponibles gratuitement sur le site Eduscol
  • Outils en ligne : dictionnaires de figures de style
  • Cours particuliers avec cours-particuliers-francais.com : rends-toi sur la page Contact

Conclusion : le commentaire, un exercice qui demande de la pratique

Le commentaire de texte est un exercice exigeant, mais aussi très intéressant : il développe ton sens critique, ton expression, aiguise des facultés de compréhension et d’analyse… Cela est utile pour le bac, mais cela le sera aussi pour tes études supérieures.

Avec la bonne méthode du commentaire de texte, de la pratique régulière et quelques réflexes d’analyse, tu peux obtenir une belle note au bac de français.

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